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LES ENFANTS du sabotier

 

Le futur « patron » de la Fabrique de sabots des deux forêts, mon arrière grand-père Philippe THURIAULT (connu également sous le prénom de Félix par mon père) est né à Chougny le 2 août 1846.
Depuis toujours on se pose des questions sur l'orthographe du patronyme, écrit sous toutes ses formes, même les plus improbables, que ce soit en ascendance, descendance, ou cousinage.
C'est ainsi que sur son acte de naissance, il s'écrit « TURIOT », et que son père signe « THURIEAU » !
Alors quid de ces nombreuses variations ?
On peut bien sur penser que selon la façon dont l'entendaient les « scribes » de l'époque, ils l'orthographiaient selon leur bon vouloir. Mais il est également arrivé qu'en raison de certaines « histoires », des membres de la famille aient souhaité modifier leur nom de famille.
En ce qui concerne la descendance de mes arrière grands-parents, le nom de THURIAULT s'imposera très rapidement, mis à part pour l'aîné des enfants, Antoine.
Mais c'est une autre histoire…

Philippe est le 3ème de la fratrie de Pierre THURIOT et Reine MERLIN. Il a de nombreux frres et soeurs : Jeanne (1843), une autre Jeanne (1844), un petit Joseph mort en bas ge (1849), Henri (1851), Jean-Baptiste « l'anarchiste » (1853), un autre Joseph (1857), Paul Octave (1859), et enfin Marie (1865).
C'est à Chougny, alors qu'il exerce déjà le métier de sabotier comme son père, qu'il fera la connaissance de Berthe DEVOUCOUX, issue d'une famille de potiers, avec laquelle il se mariera peu après ses 21 ans, le 23 septembre 1867, alors que celle-ci est encore mineure.
Alors que j'avais toujours entendu dire par mon père (et je pense qu'il en était convaincu), que Baptiste était l'aîné de leurs enfants, je découvrais que le couple donna naissance à un petit Antoine, en 1868, alors qu'il résidait encore à Chougny.
N'ayant trouvé aucune autre trace de cet enfant, je me disais qu'il était peut-tre décédé en bas ge, voire qu'il avait vécu par la suite compltement en marge de sa famille.
Mais au hasard des registres et des trouvailles, je retrouvais Antoine dans un premier temps à Clamecy en 1894, et m'apercevais qu'il avait eu une vie par delà le 20ème siècle, et sans doute pas autant en marge que je ne le pensais, puisqu'il a eu une assez nombreuse descendance.

L'installation à Aunay-en-Bazois

C'est vers fin 1868-début 1869 que le couple part s'installer à Aunay-en-Bazois, en compagnie du petit Antoine.
A peine arrivés à Aunay, Berthe donne naissance à une enfant prénommée Alix le 19 juillet 1869, laquelle décèdera au bout d'une journée.

Les états de recensement effectués entre 1876 et 1911, recoupés avec les actes d'état-civil, nous permettent de comprendre et situer l'activité de la famille THURIAULT.

A partir de 1869, et jusque vers 1891-1895, c'est-à-dire plus de 20 ans, Philippe et Berthe vivent dans le bourg d'Aunay.
Philippe exerce son métier de sabotier, Berthe sera d'abord épicière puis aubergiste.
On peut penser que leur activité sera prospère, et que la Fabrique des deux sabots existait déjà à cette époque au coeur d'Aunay, à laquelle était peut-tre adjointe une petite épicerie, voire une auberge, et qui sait une pension de famille ?
En 1881, il y avait tout de même 4 ouvriers sabotiers qui travaillaient sous la direction de Philippe (Jean PONCET, Jean GOURLOT, Pierre SANSOIS, et Louis POUYAULT), ainsi qu'une domestique pour les aider dans leurs tâches (Marie BEZIGOT).
5 ans plus tard, en 1886, on ne recense plus d'ouvriers, mais juste une jeune domestique de 16 ans, Véronique COMTE.
Enfin, en 1891, on voit encore 4 autres personnes qui vivent au foyer du couple THURIAULT-DEVOUCOUX : Pierre COURDAVAULT (un sabotier de 25 ans), Jean-Marie NIAULT (un boulanger de 24 ans), Claude REGNIER (un sabotier de 17 ans), et Jacques GALLOIS (un manoeuvre de 54 ans).
On peut réellement imaginer que la double activité « fabrique de sabots-auberge » fonctionnait à plein à cette époque.

 

La fratrie Thuriault

C'est donc également là, au bourg d'Aunay, que Berthe donna naissance aux 9 autres enfants :
Ernest Jean Baptiste, plus communément appelé "Baptiste", né le 7 novembre 1872, et qui n'était donc que le 3ème officiel de la fratrie,
Louis Léon, né le 4 juin 1874, dont l'histoire laissait entendre qu'il était un marginal ; mais même si sa fin fut triste et pénible, il eut quand même une vie bien remplie,
Jean Louis Rémond, dit "Raymond", né le 14 août 1877, qui vécut par la suite en région parisienne,
Félix Antoine, surnommé "Antonin", né le 14 décembre 1880, connu également comme marginal, dont la vie fut un peu dissolue, avec une fin aussi difficile que son frère aîné Louis Léon,
Agathe Victorine, qu'on ne connaît pratiquement que sous le prénom de "Pauline", née le 26 février 1882, première fille « vivante » de la famille,
Juliette, née le 4 juillet 1884, fut très proche de sa soeur cadette Charlotte,
Julien, mon grand-père, né le 16 janvier 1886, et qui fait l'objet de ce blog,
Charlotte, née le 26 mars 1888, laquelle a quitté la Nièvre pour Paris, et y épouser un banquier suisse,
Et enfin Charles, le dernier de la fratrie, né le 29 avril 1890, et que je connus un peu pour avoir été le second mari de ma grand-mère et assurer ainsi l'éducation de mon père.

C'est entre 1891 et 1896 que Philippe, Berthe, et 7 de leurs enfants, s'installèrent à 7 km du bourg d'Aunay, au lieu-dit Egreuil.
En effet, on a perdu depuis une dizaine d'années la trace de l'aîné, Antoine ; Louis vient de se marier avec Marie-Françoise THUREAU (ou THURIOT, donc cousinage lointain ?), mais celle-ci vit encore avec son père : ce n'est qu'en 1901 qu'on voit le couple habiter ensemble ; et le tout petit dernier, Charles, se trouve en nourrice à Achun, dans la famille de Louis et Marie AUROUSSEAU.

 

Des enfants gardés

Au fil des années, les enfants du couple s'en vont travailler et fonder leurs foyers, pour certains en région parisienne.
Et pour Berthe, au début des années 1900, c'est le début de l'époque des enfants gardés :
Il y a d'abord Marguerite, née en 1898 à Dun-les-Places, sous le patronyme de BONNODOT. Sa mère est décédée en accouchant, et son père n'avait pas les moyens de l'élever seul.  Il s'agit donc d'une enfant assistée de l'hospice de Nevers, qui a été placée presque aussitôt chez le couple Thuriault-Devoucoux, et elle a par la suite toujours été très liée à la famille. On pense même qu'une fois Berthe devenue veuve, Marguerite lui est restée très attachée jusqu'à son décès, tout en ayant fondé sa propre famille, sans doute à Paris.
A un moment donné, il y eu Marcelle, dont mon père pensait qu'elle était une enfant de l'assistance publique. Pas du tout : Marcelle, fille aînée de Louis Léon THURIAULT et de sa femme Marie-Françoise, née le 10 février 1897, est donc en réalité sa propre petite-fille ! Est-ce la résultante d'un problème dans le couple à ce moment-là ?
Et quelques années plus tard, Berthe s'occupe du petit Antoine GAMORY, lui aussi né à la fin 1900, et également enfant assisté de la Nièvre.

Hélas, entre temps, c'est le drame : Philippe meurt prématurément, à l'âge de 58 ans, le 4 décembre 1904. Et quand on sait qu'un incendie s'était déclaré dans la propriété le 9 novembre 1904 (*) , on ne serait pas étonné que le choc des pertes lui ait été fatal.

Berthe lui survivra jusqu'au 20 octobre 1927 où elle décèdera à Puteaux, dans une maison de retraite pour femmes située 7 rue des Pavillons, et appartenant aux Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul. Certains de ses enfants et petits-enfants demeurant à Puteaux et en région parisienne, on peut penser qu'elle en était restée proche.

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